Quand les employés deviennent patrons..

Nouveau reportage sur la société My Ferry Link, l'occasion pour moi de partager quelques réflexions...

Petit rappel sur cette affaire :

My Ferry Link est une société de type SCOP (comprenez détenue principalement par ses salariés) et est sur la voie de la relance depuis sa création en 2012 à partir après la cessation d'activité de la défunte Sea France.

Au vue de leur récente actualité, ils ne sont pas totalement sortis de l'eau, mais c'est le reportage télévisé qui m'a fait réagir...

En effet, lors de son interview, l'un des salarié de la nouvelle SCOP confiait qu'il se sentait plus impliqué "maintenant". En consultant d'autres reportages sur l'entreprise, d'autres interviews sont plus éloquentes :

- "Avant il y avait une forme d'opulence, et il y avait beaucoup de gachis. A partir du moment où vous mettez de l'argent dans une entreprise, on essaye vis-à-vis d'avant de ne pas jeter..."

- "Les gens sont plus impliqués maintenant du fait que c'est quand même leur entreprise..."

Et ce même reportage montre des baisses de salaire importantes (de 2250 € net à 1750 € net par exemple !)

Je trouve cela remarquable: Ces salariés devenus patrons s'impliquent désormais plus dans leur entreprise, réalisent le même travail avec moitié moins d'effectifs, et ont même accepté pour le défi une rémunération abaissée de 23%.

Et le journaliste de commenter : "Ce qui a changé c'est surtout l'implication du personnel, le fonctionnement en coopérative génère une forme d'auto-contrôle par les salariés eux-mêmes".

http://www.copilote.com/news/16/17/Reportage-France2-MyFerryLink-mieux-que-SeaFrance.html

Bien sûr, cette attitude est parfaitement compréhensible et même respectable. On peut cependant regretter qu'il ait fallut attendre le naufrage d'une entreprise pour obtenir ce changement radical de comportement.

Mais aussi, l'historique de la société Sea France laisse penser que les choses auraient pu mieux se passer.

La cour des comptes dénonçait en 2009 le poids « exorbitant » du syndicat dans la gestion des embauches, l’absentéisme et les privilèges hors normes du personnel . La gestion du comité d’entreprise (CE) par la CFDT était également critiquée.

Cf. l'édifiant historique de SeaFrance : http://fr.wikipedia.org/wiki/SeaFrance

Finalement, avec plus de 500 employés sur le carreau, peut-on imaginer qu'une meilleure issue était possible ?

NON !

- Car les salariés ne sont pas assez impliqués. (et rien ne les y encourage...)

- Car il est impossible d'adapter la masse salariale à l'activité réelle

- Car il est impossible d'écarter de l'entreprise le personnel néfaste.

Mais voilà, le bateau coule (la France), et il faut maintenant inverser la vapeur pour redonner de l'air aux entreprise et de l'énergie aux entrepreneurs.

PS: Nous souhaitons à My Ferry Link et ses employés-patrons toute la réussite possible. Sincèrement.